Lettre Ouverte
Lettre ouverte de Me Rémi Huynh Hoareau à Messieurs Luke et Charles Duchêne et Richard Desquesnes.
Cette lettre a pour but d’éclaircir et de repréciser certains points relevés dans l’ouvrage intitulé « Sur la piste du Kung Fu, et de ceux qui l’ont fait », suite à l’entretien qui y est transcrit entre Me Rémi Huynh Hoareau et Richard Desquesnes.
Tout d’abord, je remercie le professeur Richard Desquesnes de son enthousiasme, de sa volonté d’écrire et de retracer l’histoire du Kung Fu en France et d’avoir pensé à moi pour figurer dans son livre. A la lecture de l’ouvrage, j’ai pu constater que quelques erreurs se sont glissées dans la transcription de notre entretien. Celles-ci nécessitent des précisions de ma part pour une meilleure compréhension de l’objet de mes paroles par les lecteurs, dissiper la confusion et que personne ne se sente lésé ou blessé par ce qui est écrit.
1. Mon premier maître ne s’appelait pas Phuc Kien mais Me Nam Diêm.
Phuc Kien est une région du sud de la Chine où se serait réfugié l’un des moines rescapé du temple de Shaolin et qui serait à l’origine de notre technique de Kung Fu.
2. Hoang Nam était mon ami.
Me Hoang Nam, par son talent, sa sincérité dans sa pratique et par ses qualités n’avait pas besoin de publicité pour établir sa notoriété. C’est un grand Maître que je respecte. Au cours de sa vie, il a pu apprendre plusieurs styles tels que les arts martiaux vietnamiens, chinois et japonais . Il n’a donc pas seulement été un disciple de Shaolin mais de plusieurs styles. Il a su harmoniser ces différentes pratiques en créant son propre style : le kung fu Wutao, résultante de recherches comme seul pouvait les faire un érudit.
A l’inverse, d’autres ont eu recours à la publicité pour se faire connaître.
3. Le salut.
Depuis des millénaires, les chinois saluent main ouverte et point fermé. C’est un salut populaire qui n’est pas propre aux arts martiaux.
A sa création, le wushu moderne a adopté ce salut. Aujourd’hui, avec la popularisation et l’influence du kung fu moderne, de nombreuses écoles, appartenant à des styles très différents, ont simplifié leur propre salut pour effectuer un salut identique à celui du wushu moderne et donc au salut populaire chinois.
Il est important de comprendre que chaque style de kung fu possède un salut qui lui est propre.
Pour mon style par exemple, le Shaolin Vu Ba, le salut se fait en s’inclinant main droite ouverte sur le plexus et correspond à un salut d’origine bouddhiste (de Shaolin). Il ne représente en aucun cas un salut commun à l’ensemble des écoles et styles de kung fu.
4. Il a été mentionné dans l’ouvrage « Sur la route du Kung Fu » : « Dan Schwarz n’avait pas de disciples compétiteurs ».
Mes paroles ont ici été transcrites en dehors de leur contexte global.
A cette époque, je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer les compétiteurs de Dan Schwarz. Il existait plusieurs fédérations de Kung Fu. Mon école était affiliée à la fédération délégataire à ce moment là, comme elle l’est toujours aujourd’hui. L’école de Dan Schwarz était affiliée à une autre fédération. Les pratiquants ne pouvaient donc pas se rencontrer pendant les compétitions.
Je ne connais pas directement Dan Schwartz, mais il est un grand expert reconnu et célèbre en France. Il est également l’un des pionniers du développement du Kung Fu mondial.
5. « De tous temps, il a fallu une vingtaine d’années pour être formé et devenir un champion ».
Tous les arts martiaux traditionnels vietnamiens, chinois et japonais nécessitent un long temps d’apprentissage. Ce temps est nécessaire à l’assimilation de la technique, mais aussi au développement et au travail de l’esprit et de l’attitude, la transmission ne se faisant que de cœur à cœur et de corps à corps. Les principes sont transmis du Maître au disciple pour que l’Homme apprenne à trouver sa voie, à se transformer et à s’accomplir. Mais il n’en devient pas forcément un champion. La notion du temps et de la compétition n’intervenant pas de nos jours, par l’uniformisation des pratiques de kung fu wu shu et de sa transmission, il n’est pas toujours nécessaire d’avoir un maître pour accéder à la technique et devenir un champion. Les stages, les DVD peuvent suffire à certains…
Pour conclure, il est possible que des malentendus aient vu le jour au cours de notre entretien à cause de mes transpositions du vietnamien au français et de ma façon de m’exprimer. J’en suis navré et désolé si j’ai pu froisser certaines personnes, lecteurs. C’est pour cette raison que j’ai voulu rétablir l’exactitude sur certains points mentionnés dans le livre cité.
La réalité devient rapidement visible lorsque l’on cesse de comparer. Tout ce ‘qui est’ se révèle seulement quand il n’y a aucune comparaison, et vivre simplement avec ce qui existe en tant que tel, vous permet d’être paisible